Le 12 novembre dans le Vercors, Nicolas Sarkozy nous a dit pourquoi nous devons parler de notre identité nationale. Il nous a parlé alors de «l'amour de la patrie», comme il avait déjà parlé durant la campagne présidentielle de son immense amour de la France. Il est intéressant dans le contexte actuel de s'arrêter sur cette conception de l'amour un peu particulière. Une phrase prononcée le 23 avril 2006 devant de nouveaux adhérents de l'UMP est très éclairante à ce sujet. En parlant d'étrangers, puisque cette phrase introduisait une partie de son discours consacrée à sa conception de l'immigration, il avait dit ceci : «S'il y en a que ça gêne d'être en France, qu'ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu'ils n'aiment pas.» Et l'extrême droite ne s'était pas trompée sur le sens de cette déclaration, puisque Philippe de Villiers l'avait alors accusé de «copier» son slogan «la France, tu l'aimes ou tu la quittes» et que Jean-Marie Le Pen avait réclamé «des droits d'auteur», car on pouvait lire sur un autocollant du Front national des années 80 «la France, aimez-la ou quittez-la».
Mais revenons à la phrase de monsieur Sarkozy : en disant explicitement que la gêne est synonyme de non-amour, il donne clairement à entendre que si l’on aime, on n’a pas le droit d’être gêné par un aspect de la réalité (pays ou personne par exemple) provoquant la gêne. C’est une conception du tout ou rien : l’ambivalence (présente dans tout senti