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Libération

«Rainbow Warrior», les services mouillés

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Dans les archives de «Libé», il y a près de 25 ans. Le 10 juillet 1985, un navire de Greenpeace est coulé par deux mines en Nouvelle-Zélande. L’enquête se précise rapidement : cet attentat ahurissant est l’œuvre les services secrets français.
publié le 28 novembre 2009 à 0h00

Un chalutier de 48 mètres équipé de voiles, cela ne passe pas inaperçu. Surtout lorsqu'il croise depuis 1977 dans toutes les mers du monde pour défendre la cause écologiste, et lorsqu'il relâche dans le port néo-zélandais d'Auckland avant de se lancer à l'assaut de la Polynésie française avec, pour toute arme, d'énormes banderoles exigeant l'arrêt des essais nucléaires à Mururoa. Le Rainbow-Warrior et ses vingt-cinq passagers n'arriveront jamais au bout de cette pacifique mission : le 10 juillet 1985, ce navire battant pavillon anglais et affrété par Greenpeace est coulé par deux mines de 20 kilos fixées sur sa coque. Le photographe du mouvement pacifiste, Fernando Pereira, est tué.

De port en port, cet attentat ahurissant suscite aussitôt des rumeurs qui auraient fait les délices de Joseph Conrad. La piste se précise rapidement: le coup viendrait de Nouvelle-Calédonie, et peut-être de France. L'équipe policière néo-zélandaise (66 détectives), conduite par le commissaire Allan Galbraith, retrouve dans le port un canot gonflable Zodiac, une petite bouteille d'oxygène de fabrication française et un moteur de hors-bord ; elle se lance sur la piste d'un yacht loué à Nouméa Yacht Charter, et qui se trouvait non loin d'Auckland au moment de l'affaire, l'Ouvéa. Surtout, elle arrête deux suspects qui, contrairement à ce que proclament leurs passeports, ne sont pas suisses et ne s'appellent pas Alain-Jacques et Sophie-Claire Turenge : ces deux-là sont bien français,