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Libération
EDITORIAL

Ardeur

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publié le 1er décembre 2009 à 0h00

Elle est dure, la condition du transfuge. Vilipendé par ceux qu’il a lâchés, il sera toujours suspecté par ceux qu’il a rejoints. Car chacun se dit : il pourrait recommencer. En changeant de camp en pleine bataille, Eric Besson a souillé sa carrière d’une marque indélébile. Il restera celui qui, par calcul d’ambition, désignait une semaine Nicolas Sarkozy comme une graine de fasciste, pour en faire le parangon des républicains la semaine suivante. Sur les vestes réversibles, on voit toujours les coutures. Pour effacer ce péché originel, l’homme ne manque ni d’énergie ni d’intelligence. Au fond, il trahit avec panache. C’est ainsi qu’il met une excellente acuité tactique au service d’une exécrable politique d’immigration, fondée sur l’obsession du chiffre et le louche souci de défendre une identité nationale qui serait bien fragile si l’immigration à elle seule pouvait l’altérer. Au lieu d’apporter à la droite une sensibilité différente, il déploie l’ardeur du converti jusqu’à devenir une pièce essentielle du dispositif électoral de l’UMP. Clone adoptif du Président, avec cet avantage qu’il a été formé par le PS, il borde le territoire côté FN, tout en connaissant la frontière. Il renvoie des réfugiés afghans dans un pays en guerre mais enterre les tests ADN de fâcheuse connotation. Il agite une menace imaginaire sur l’identité nationale mais se méfie du débat sur les minarets et plaide pour la tolérance envers l’islam. Il sait jusqu’où aller trop loin. Dans l’immédiat son as