Nicolas Sarkozy n’a jamais brillé par sa modestie et sa tentation de s’attribuer le mérite de chaque avancée européenne a souvent horripilé ses partenaires. Pourtant, au moment où l’Europe du traité de Lisbonne se met en place, il est juste de reconnaître qu’il a joué le premier rôle et que l’aboutissement actuel lui doit beaucoup. On peut contester nombre de ses initiatives en politique intérieure, les Français n’y manquent d’ailleurs pas. En revanche sur le terrain européen, essentiel pour l’avenir, son bilan apparaît clairement positif. S’il y a un domaine où son volontarisme politique s’est avéré incontestablement efficace, c’est celui, pourtant si cahoteux de l’Union des 27. C’est l’un des paradoxes de son atypique présidence : ce bonapartiste est un Européen vigoureux, entreprenant et entraînant.
A peine élu, Nicolas Sarkozy s’est précipité à Berlin où il a convaincu Angela Merkel de renoncer au traité constitutionnel repoussé par les Français et par les Hollandais, la convertissant au «petit» traité de Lisbonne, seul moyen de remettre en mouvement la machine européenne enlisée. Réaliste, la chancelière a acquiescé et a tiré profit de son semestre de présidence européenne, survenant par chance à ce moment-là, pour enclencher la mécanique. Si le traité de Lisbonne entre aujourd’hui en vigueur, c’est grâce au tandem franco-germanique ressoudé. Nicolas Sarkozy est impatient et extraverti, Angela Merkel est lente et introvertie, les deux dirigeants s’agacent mutuellement et