Et si le grand débat bessonien sur l'identité nationale n'était finalement qu'un piège à c… dans lequel l'UMP est tombée après l'avoir tendu ? L'affaire semblait imparable : une majorité gouvernementale «décomplexée» «posait les vrais problèmes» et se faisait la garante d'une certaine intégrité française face aux menaces supposées de la mondialisation et - surtout - de l'immigration. L'opposition était embarrassée et l'extrême droite concurrencée sur son propre terrain. Quinze jours plus tard, la belle machine a dérapé. Organisés sous le contrôle des préfets, comme sous le Second Empire, les débats n'attirent que quatre pelés et trois tondus (lire page 4) plus ou moins xénophobes ; la majorité se divise et les plus lucides, tels Alain Juppé ou Jean-Pierre Raffarin, expriment tout haut leurs doutes sur cette équipée qui fait le jeu de l'extrémisme.
étriquée. Le vote suisse contre la construction de minarets vient soudain rendre amère et inquiétante une discussion aux apparences académiques qui tourne au règlement de comptes anti-musulman. Elle révèle l'angoisse d'une partie de l'opinion, prête à céder aux sirènes stridentes de l'intolérance, que le Front national, s'il est habile, peut finalement rallier à son douteux panache. Après de longues journées d'hésitation, la gauche, au lieu d'observer un silence gêné, s'est ressaisie pour rappeler sa propre conception de la nation, ouverte et évolutive, là où celle de Besson est fixe et frileuse. A