François Fillon ? «Il est tellement bon qu'il mériterait d'être Premier ministre.» Avec cette blague, le député UMP François Goulard s'est taillé un franc succès au Parlement comme au gouvernement. Et pourtant, chacun le reconnaît, ce bon mot n'est plus de saison. Car depuis quelques semaines, François Fillon commence à ressembler à un vrai Premier ministre.
Amorcée cet été, la métamorphose a sauté aux yeux le 17 novembre, quand le Premier ministre est monté à la tribune du Congrès des maires, chauffés à blanc contre les réformes de la fiscalité et de l'organisation territoriale. Selon la formule chère à Jean-Pierre Raffarin, le chef du gouvernement a joué, ce jour-là, le rôle de «paratonnerre» qui lui revient traditionnellement sous la Ve République. Avec son profil rassurant, contrastant avec l'agitation de Nicolas Sarkozy, il a remis ça vendredi, au colloque de l'Institut Montaigne, en s'efforçant de sortir la majorité du piège du débat sur l'identité nationale. Une fois de plus, il prenait la parole en lieu et place du chef de l'Etat, officiellement indisponible pour cause d'agenda surchargé.
«Cher François». Certes, Nicolas Sarkozy ne se prépare pas à conclure son quinquennat dans le costume de Jacques Chirac, silencieux sous les ors de son palais. Mais il ne s'interdit plus d'envoyer au front son Premier ministre. Il est bien loin, le temps où il humiliait l'hôte de Matignon en le qualifiant de «collaborateur». Le Pr