Comment remettre d'équerre un débat qui déraille? Le Premier ministre s'y est essayé vendredi avec fougue. Sans vraiment convaincre. Tant la France d'aujourd'hui paraît éloignée de la nation célébrée par le séguiniste et eurosceptique qu'il fut, enraciné dans sa Sarthe natale. Dans son long discours de clôture au colloque de l'Institut Montaigne intitulé «Qu'est-ce qu'être français?», François Fillon a insisté sur le caractère très «personnel» de sa réponse, suggérant même qu'il s'exprimait plus en «citoyen» qu'en chef du gouvernement: «J'ai mes réponses, je les offre pour ce qu'elles valent, parmi 65 millions d'autres.»
Quand il dessine son «identité nationale», Fillon dit qu'être français c'est «se sentir chez soi dans l'épopée qui va d'Alésia à Koufra», cette oasis de Libye où débuta en 1941 l'épopée de Leclerc. Il parle aussi de la «sédimentation de notre creuset national de Philippe Auguste à Georges Clemenceau». Et, pour prendre de la hauteur, il convoque Marc Bloch et sa fameuse pointe contre «ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims et qui lisent sans émotion le récit de la Fête de la fédération». Etre français, c'est entretenir avec l'histoire de France «un rapport d'émotion familière», a conclu le Premier ministre. Parmi les invités de l'Institut Montaigne, une jeune femme d'origine algérienne, militante UMP, cachait mal sa déception. Elle se sentait assez étrangère au creuset e