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Libération
Critique

François Hollande, sa mue, son œuvre

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publié le 14 décembre 2009 à 0h00

Hollande ? L'opinion ne l'aime pas. Tel était jusqu'ici le diagnostic qui plombait l'ancien premier secrétaire du PS. On louait ses capacités, son éloquence, sa rapidité d'esprit. Mais on rappelait toujours que le dieu des sondages s'était prononcé contre lui. Voici que cette malédiction se dissipe. Dans la dernière enquête Viavoice-Libération, le Corrézien se hisse au milieu du peloton. A 37 points d'opinions favorables, il est loin derrière Delanoë ou Strauss-Kahn. Mais il se rapproche d'Aubry et devance son ancienne compagne Ségolène Royal. Il est devenu un candidat probable à la candidature. Est-ce immérité, miraculeux, éphémère ? Non : c'est grâce à un livre.

En publiant, avec Pierre Favier, le récit de son parcours, François Hollande a changé le regard qu’on portait sur lui. Il a perdu ses responsabilités nationales ; il a gagné en densité. Ce texte à la fois vivant et réfléchi retrace vingt-cinq ans d’histoire politique. On y découvre que le maire de Tulle se prépare depuis toujours aux responsabilités suprêmes et qu’après tout cette formation en vaut bien d’autres. Militant aux temps optimistes du programme commun, le jeune Hollande fait ses classes de jeune turc socialiste, toujours plein de drôlerie et de brio. Mitterrandiste distancié, delorien moderniste, il entre à l’Elysée comme nègre de Jacques Attali, premier d’une longue lignée. C’est l’époque où les journalistes politiques découvrent cet énarque humoriste qui analyse plus vite et plus finement qu’eu