C'est le député de l'opposition le plus respecté. Le plus plébiscité par le camp d'en face, celui dont la caution est la plus recherchée. C'est enfin, ceci explique peut-être cela, le parlementaire le plus puissant de France, l'élu qui, sur le papier, détient le plus de pouvoirs. Quand ça lui chante, cet homme a le droit de contrôler «sur place et sur pièces» toutes les dépenses de l'Etat, y compris celles de l'Elysée, et aucun secret fiscal ne lui est «opposable».
Député socialiste de l'Isère, le très placide Didier Migaud préside aux destinées de la plus importante commission de l'Assemblée nationale : celle des finances, à majorité UMP. Une innovation qu'il doit à Nicolas Sarkozy. Avant même son élection, ce dernier avait promis d'en attribuer la tête à un représentant de l'opposition dont il entendait revaloriser les droits. Seul candidat, Migaud, spécialiste reconnu des finances publiques, fut élu haut la main, promettant alors d'exercer ses prérogatives dans un esprit «constructif et républicain». C'était il y a deux ans.
Profil d'aigle, crâne chauve et peau lisse, ce fabiusien bon teint «nourri aux mamelles du mitterrandisme», comme le dit son collègue Claude Bartolone, assume parfaitement d'être l'élu de gauche qui travaille le plus avec la droite. «Je suis le seul député de mon espèce, mais c'est la fonction qui veut ça,se justifie-t-il dans son impeccable costard bleu marine. Tout est clair s'il est bien précisé que j'appartien