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Libération
TRIBUNE

Jeux en ligne, quand ruiner les plus pauvres devient légal

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par Denis Alland, professeur de droit à l’université Paris II Panthéon Assas
publié le 16 décembre 2009 à 0h00

A la suite d’une étude pour la Commission européenne, un avocat général à la Cour de justice a récemment fait valoir que les risques courus par les consommateurs de jeux en ligne sont sans commune mesure avec ceux entraînés par les jeux «en dur» : une dépendance aggravée par la permanence, à domicile, de l’offre, et encouragée par la possible répétition des mises, emporte des dépenses excessives avec pour effet de lourdes perturbations personnelles et familiales.

Le 13 octobre, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture le «Projet de loi relatif à l'ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne». Le texte permet à tout opérateur agréé de proposer en ligne des paris sportifs et hippiques et des jeux de cercle «reposant sur le hasard et le savoir-faire». Quelques protestations sans écho mises à part, l'on n'a pas pris la mesure d'un texte jugé secondaire par beaucoup - mais pas par le gouvernement, qui a imposé l'examen prioritaire de ce projet et travaille à bride abattue pour que les textes d'application soient prêts et la loi promulguée avant la Coupe du monde de football. Comprenons : pour que les futurs opérateurs - dont les esprits malintentionnés relèvent que la plupart des dirigeants étaient réunis au Fouquet's le soir de la présidentielle - puissent engranger légalement les dizaines de millions d'euros de paris que cet événement va drainer.

La France, nous dit-on, est ici l’élève docile de l’Union europ