Gare du Nord, 19 heures. Saloum est furieux. Avec son collègue, ils viennent de se faire contrôler par la police ferroviaire au motif que l’un deux serait passé en fraudant. A tort. Les deux jeunes ont un titre de transport mais comme ils sont passés l’un derrière l’autre, la porte ne s’est pas refermée.
En pleine marasme sur l'identité nationale, Eric Besson a déclenché la semaine dernière une polémique en reconnaissant «la réalité» des «contrôles au faciès», s'attirant les foudres des syndicats de police.«C'est de la discrimination, c'est clair, s'insurge Saloum. Les flics jugent sur les apparences. C'est pas seulement parce que je suis noir. On dit que l'habit ne fait pas le moine mais dans leur tête, c'est le cas. Je passe tous les jours ici et on ne me contrôle jamais même quand je fraude. Pourquoi ? Parce que d'habitude, je suis en costard. Là, on est en formation, je porte des lunettes de soleil et une veste en cuir donc pour eux je suis une racaille.»Il poursuit : «J'ai quand même le droit de m'habiller comme je veux. Le pire, c'est que même après avoir vu nos tickets, ils ont continué à dire qu'on fraudait et demandé nos papiers. Ils sont restés polis mais on sentait du mépris. C'est humiliant.»
Fouad, le collègue de Saloum porte de petites lunettes branchées. Il partage l'idée que c'est parce qu'ils n'étaient pas en costume qu'ils se sont fait contrôler mais s'en accommode mieux : «Certains jeunes qui ne sont pas des délinquan