Deux mots très brefs et démocratiques, si l'on me permet, à propos du Rebonds de Laurent Joffrin évoquant la défense, par Eric Hazan, de ces militants de Tarnac que la police et la justice antiterroristes harcèlent avec constance, et en lequel le directeur de Libération reprochait à l'éditeur de l'Insurrection qui vient de l'avoir manipulé à la façon d'un «idiot utile», dans les années 30, à la défense de l'URSS.
Treize mois après le «déraillage» dont «l'ultragauche» fut accusée, et tandis que son instruction démontre son inanité, c'est ce moment que choisit Joffrin pour réifier un fantasme en déshérence en avançant que les thèses des Tarnaciens «reproduisent peu ou prou celles des années 70, en Italie […] qui ont mené aux errements sanglants des années de plomb». L'accusation est si grave et la comparaison si extravagante qu'elles ne devraient faire que sourire, mais la vérité de Joffrin est ailleurs.
Pour caricaturer une «ultragauche» mal perçue et mal définie, il touille tout à la fois «le mépris du travail» (celui des autonomes libertaires, ou de Paul Lafarge dans son Eloge de la paresse ?) et «l'apologie d'une austérité forcée» (celle des saint-simoniens du XIXe siècle, ou des actuels «décroissants» ?). En agitant ce leurre, il nous dit et redit qu'à ses yeux, toute politique qui se proclame aujourd'hui à gauche du PS est génétiquement antidémocratique. Il est dommageable que cette proposit