Menu
Libération
TRIBUNE

Tarnac, suite et fin: réponse à un malin

Article réservé aux abonnés
par Eric Hazan, éditeur
publié le 22 décembre 2009 à 0h00

Dans Libération du 9 décembre, Laurent Joffrin s’interroge sur «ce que pensent vraiment les militants de Tarnac». Pour répondre, il ne va pas chercher dans les textes où les inculpés de Tarnac ont exprimé eux-mêmes leur façon de voir. Il s’en tient à l’article que j’ai écrit pour son journal (Libération du 6 novembre), et à un livre, l ‘Insurrection qui vient, que j’ai édité à la Fabrique il y a trois ans. Il y aurait tout lieu de voir dans son article une attaque personnelle contre celui qu’il désigne comme un «théoricien d’une sombre radicalité». Je ne me reconnais pas dans l’un ou l’autre de ces trois mots, mais je ne répondrai pas sur ce plan-là. A dire vrai, je n’aurais pas répondu du tout si son article n’avait pas concentré quelques-unes des opérations intellectuelles qui servent depuis longtemps au maintien de l’ordre.

Gandhi, à qui l'on demandait ce qu'il pensait de la civilisation occidentale, répondit : «C'était une bonne idée.» On pourrait faire le même éloge ironique de toutes les valeurs dont Joffrin prend la défense : libertés publiques, droits de l'homme, Etat de droit, démocratie - qui pourrait être contre ? Ce que nous disons - j'emploie le «nous» non comme pluriel de majesté mais parce que je ne suis pas seul à le dire - c'est que ces belles notions ne correspondent aujourd'hui à aucune réalité : des mots usés dont la signification s'est effacée à force de servir de masques de vertu à des pratiques de gouvern