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Libération
TRIBUNE

La fabrication de l’ennemi : le cas russe

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par Pierre Conesa, Ancien haut fonctionnaire
publié le 31 décembre 2009 à 0h00

On est en droit de s'interroger sur l'image que véhiculent certaines analyses sur la Russie. Le crime organisé italien cause de graves dommages environnementaux avec le trafic d'ordures par la Camorra napolitaine, ou de morts en Europe avec la N'dranghetta calabraise. Mais, nous dit-on, ce sont les mafias russes qui sont les plus dangereuses ! Le journaliste Roberto Saviano, auteur de Gomorra, est menacé de mort mais il ne vient à personne l'idée d'accuser le gouvernement italien. Par contre, l'assassinat de journalistes russes comme Anna Politkovskaïa ou d'humanitaires comme Natalia Estemirova, tuée le 15 juillet en Tchétchénie, est attribué à l'action du Kremlin.

On insiste avec raison sur le passé d'ex-officier (médiocre) du KGB de Vladimir Poutine, mais pas sur le fait que le président Bush père fut directeur de la CIA. Succédant à Donald Rumsfeld, Hillary Clinton va appeler Moscou à respecter les droits de l'homme, mais c'est bien Washington qui emprisonne à Guantánamo depuis maintenant sept ans des prisonniers auxquels on refuse les droits judiciaires minimum. On réagit avec vigueur à l'invasion des forces russes sur le territoire souverain de la Géorgie en exigeant un calendrier de retrait, mais on formule le souhait poli qu'Israël stoppe la colonisation des territoires, occupés depuis 42 ans. On en arrive même à reprocher à la Russie de vouloir faire payer le gaz livré à l'Ukraine au prix du marché et non plus au tarif préférentiel. Claude Mandil, dans son ra