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Libération
TRIBUNE

Camus, ce libertaire qu’on voudrait ignorer

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par Jean-Pierre Barou, écrivain
publié le 4 janvier 2010 à 0h00

L'hommage des libertaires à Camus après sa disparition, le 4 janvier 1960, témoigne du même déchirement que lorsque l'on perd un des siens. Dans le Monde libertaire, Fernando Gómez Peláez, directeur par ailleurs de Solidaridad Obrera, le journal des anarchistes espagnols, écrit : «C'était un caractère débordant de franchise et sans la moindre hésitation […] Puisque autant pour les campagnes d'aide - celle de la grève générale de Barcelone -, pour l'agitation - le cas des militants anarchistes condamnés à mort -, pour la protestation - celle qui précéda l'entrée de l'Espagne à l'Unesco -, Albert Camus fut toujours le premier, le véritable, l'indispensable animateur.»

Dans Liberté, Louis Lecoin, revient sur le Camus qui, à ses côtés, mena campagne en faveur des objecteurs de conscience, pendant la guerre d'Algérie : «Les objecteurs perdent en Camus leur meilleur défenseur.» Dans la revue Témoins, où Camus était cité comme «correspondant», son directeur Jean-Paul Samson, déserteur de la Première Guerre mondiale, insiste sur «cette intégrité, cette vigilance qui se refuse à toutes les églises métaphysiques ou politiques, cette volonté scrupuleuse de n'oublier jamais qu'il y a la beauté et les malheureux - comme il y a aussi l'absurde et l'impératif du bonheur». L'anarcho-syndicaliste Robert Proix, lui, se souvient combien, pour l'écrivain, «la vie humaine est inconditionnellement sacrée».

Tous saluent