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Libération

2010 : la berlusconisation du débat ?

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publié le 7 janvier 2010 à 0h00

Dans l’épilogue de ses vœux aux Français, Nicolas Sarkozy a lancé un appel insolite au dialogue apaisé, au débat des idées serein, à la tolérance et au respect des autres. A l’écouter, le premier réflexe conduisait aussitôt à se dire qu’il faudrait alors que le président de la République donne désormais lui-même l’exemple, qu’il change de ton et de manières, qu’il abandonne cette façon fracassante de lancer des formules péremptoires, de tourner ses adversaires en ridicule, de se distribuer des satisfecit à lui-même et de multiplier les blâmes sarcastiques aux autres. Dès qu’il se trouve devant un cercle restreint (collaborateurs de l’Elysée, ministres, parlementaires de la majorité, adhérents de l’UMP lors de ses visites en province) le chef de l’Etat enchaîne les formules ironiques, les bons mots dédaigneux, les attaques railleuses. Naturellement, quelques minutes ou quelques heures plus tard, tout cela se retrouve sur Internet et relance les polémiques. Par tempérament, Nicolas Sarkozy est un assaillant, par méthode il creuse constamment les clivages, par son style il électrise le débat. Cela lui a longtemps réussi, cela commence à lui nuire.

En se plaçant sans cesse à l’avant-scène de la vie politique, en enchaînant initiative sur initiative, en intervenant quasi quotidiennement, en choisissant de donner le ton, de dicter l’agenda, de bombarder l’opinion de réformes, de submerger l’opposition sous le flot de ses entreprises, Nicolas Sarkozy s’expose comme aucun de ses préd