Briseur de chaises, lanceur de cendriers, fracasseur de portes et de vitres, Philippe Séguin laissait des traces partout où il passait. Au siège du RPR, à l’Assemblée nationale, dans son local de campagne parisien, on finissait un jour par vous montrer les marques de ses dégâts. Séguin le sanguin n’est pas une légende. Ses colères, son tempérament éruptif, son caractère ombrageux constituent le premier souvenir de tous ceux qui l’ont approché. Sans oublier ce rire fait de sifflements à chaque coin de la bouche et de haussements d’épaules saccadés. Sa fidèle collaboratrice a toujours été une énigme pour tout le personnel politique et les journalistes. «Comment pouvait-elle tenir», depuis tant d’années ?
La bordée d'injures était chez lui une première nature. «Grand con» pour Chirac, «grand connard pour Villepin» après la dissolution ; «salopard» pour Juppé qui avait transformé le RPR en UMP, «minus» pour Bayrou… Peu d'hommes politiques ont échappé à sa vindicte. «Il y a des jours où j'aurais voulu qu'il disparaisse à cause de sa façon de me parler», confiait, hier, Jean-François Copé, qui n'a pourtant jamais été un intime. Le plus dur était réservé au premier cercle de fidèles qui encaissait et pardonnait ses incessantes sautes d'humeur, ses bris de téléphone ou ses silences de plusieurs jours. Mais en dépit de leur patience sans borne et de leur admiration pour les fulgurances, la culture et le charme de leur grand homme, tous ont