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Libération

Face à Chirac, le rôle du mal-aimé

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publié le 8 janvier 2010 à 0h00

Jacques Chirac avait un fils chéri, Alain Juppé, et un fils maudit, Philippe Séguin. Politiquement, il les a tués tous les deux. Mais avant, il aura beaucoup donné à l’un et presque rien à l’autre. Admiratif de la constance dans les idées de Séguin, Jacques Chirac était pétrifié face à lui. Une angoisse quasi physique l’incitait à éviter de se retrouver seul face à lui. L’homme d’Epinal, qu’il prenait pour une sorte de fou, lui faisait peur. Les longues lettres que Séguin lui adressait, les colères, les coups de fil où il se faisait raccrocher au nez, tout cela, Chirac en a soupé.

C'est pourtant à son tempétueux compagnon qu'il doit en partie sa victoire à la présidentielle de 1995. Lorsque Séguin se rallie à lui en pourfendant Balladur et son «Munich social», les esprits sont préparés à découvrir la botte secrète chiraquienne : la fracture sociale. De même, lorsque le gaulliste social fustige des élites qui prédisent la victoire de Balladur par un tonitruant «Circulez y'a rien à voir», le regard des électeurs change sur Chirac.

Après la victoire de 1995, le nouveau Président offre Matignon au «meilleur d'entre nous», Alain Juppé, et laisse Philippe Séguin au perchoir de l'Assemblée, qu'il occupe depuis 1993. «Je n'ai jamais pu me départir d'élans de sympathie à son égard et que ces élans n'aient pas toujours été partagés ne les amoindrit pas», écrira Séguin dans ses Mémoires à propos de Chirac.

Leur plus grande brouille concernera la dissolu