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Les mots de la rose

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Jean-Laurent Lastelle. Cet énarque de 28 ans entend réconcilier le socialisme avec l’éloquence et la syntaxe des pères fondateurs.
par Auréliano TONET
publié le 8 janvier 2010 à 0h00

En voilà un que les symboles n'effraient pas. Jean-Laurent Lastelle donne rendez-vous à deux pas du palais Brongniart, au Croissant, le restaurant où Jaurès fut assassiné. Dans sa poche, un exemplaire des discours de Robespierre. Claire et assurée, relevée d'un soupçon d'accent niçois, sa voix scande, trois heures durant, les grandes lignes d'une vie qui semble n'en être qu'à ses balbutiements. Père avocat, frère itou, il prétend avoir décroché l'ENA «grâce au grand oral». Et c'est pour prolonger les «discussions politiques enflammées» de ses années Sciences-Po qu'il a créé l'Assaut, groupe de réflexion visant à mieux articuler le discours d'un PS plus que jamais cacophonique. Nourri des traités de rhétorique de Cicéron et Quintilien, il a remporté plusieurs concours d'éloquence dans son jeune âge, une discipline dont il propose d'imposer l'enseignement au collège. Comme Villepin, qu'il admire «non pour ses idées mais pour sa clarté d'élocution», «Jay-Lo» est poète à ses heures, dans une veine hugolienne assez marquée. Sur sa platine CD : beaucoup d'opéra, et du rap, NTM, IAM, la Rumeur. Ce méridional, qui a vécu deux ans à Rome, déplore la «berlusconisation» de la vie politique française : «Nous vivons dans une société de l'œil omniprésent. Jaurès haranguait, De Gaulle déclamait, Mitterrand discourait, Chirac palabrait, Sarkozy aboie. Exit l'oreille. Mais l'œil… Les slogans ont remplacé les analyses, les polémiques ont biffé les débats d'idées