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Séguin, une perte et des fracas

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Inlassable défenseur de la République et bon orateur, le premier président de la Cour des comptes est mort, hier, à l’âge de 66 ans, d’une crise cardiaque à Paris.
(© AFP photo AFP)
publié le 8 janvier 2010 à 0h00

Philippe Séguin est mort, hier matin, à l’âge de 66 ans d’une crise cardiaque. Homme politique de haut niveau, il n’aura en fin de compte pratiquement jamais fait ce pour quoi un homme politique est supposé se préparer : exercer le pouvoir. S’il eut vraiment des rêves élyséens, ceux-ci ne prirent jamais la forme ne serait-ce que d’une esquisse de stratégie. Premier ministre, il était question qu’il le devienne si la droite avait emporté les élections législatives anticipées de 1997, mais c’était surtout un on-dit entretenu par les tacticiens de Jacques Chirac : gageons qu’en cas de victoire, ce dernier aurait trouvé le moyen de se passer de lui, une fois encore. Pas de bilan, pas de programme, pas d’héritage, mais plutôt des déclarations tonitruantes, puis de longs silences dépressifs. Pour Philippe Séguin, la politique était une affaire de symboles. Et lui-même en était un.

Un tribun républicain

Symbole, il l'aura été, bien sûr, de la place prise dans le débat public par la question européenne à partir de la fin des années 80. En 1976, Jacques Chirac avait échoué à mobiliser l'opinion en tonnant contre «le parti de l'étranger» depuis son lit à l'hôpital Cochin : le sujet n'intéressait pas les Français, ceux-ci étant de toute façon acquis à la cause communautaire, disait-on. Or, à la rentrée 1992, choisi par François Mitterrand pour lui porter la contradiction télévisée dans le cadre du référendum sur le traité de Maastricht, Philippe Séguin sut deven