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Interview

«C’est une politique de gribouille qui retire toute visibilité»

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Elisabeth Guigou, secrétaire nationale du PS en charge des collectivités territoriales :
La députée socialiste Elisabeth Guigou, le 17 mars 2009 à l'Assemblée Nationale (© AFP Bertrand Guay)
publié le 19 janvier 2010 à 0h00

Ancienne ministre, députée socialiste de Seine-Saint-Denis, Elisabeth Guigou est chargée des collectivités locales à la direction du PS.

Que reprochez-vous à cette réforme ?

Justement de ne pas être une vraie réforme. C’est une occasion ratée, alors que l’on pouvait avoir sur le sujet un consensus. Le gouvernement a choisi la stigmatisation des élus, auxquels il reproche d’être dépensiers, de gaspiller l’argent public. Il saucissonne la réforme en présentant des textes éparpillés, dans un ordre aberrant. Il fait voter sur la taxe professionnelle, avant de réformer les structures. On vote la fiscalité sans savoir ce qu’elle doit financer ! Ensuite, on nous impose le calendrier, pour pouvoir instaurer en 2014 le conseiller territorial, sans savoir quel sera son rôle ni comment il va être élu. Le gouvernement nous considère comme une chambre d’enregistrement qui doit valider ses décisions. C’est une politique de gribouille qui retire toute visibilité. Or, ce projet présente trois défauts majeurs. D’abord, il aggrave les inégalités territoriales au lieu de les réduire. Ensuite, il revient en arrière sur la décentralisation. Enfin, il met en place un mode de scrutin aberrant.

Pourquoi le scrutin majoritaire à un tour, qui existe dans les pays notamment anglo-saxons, ne fonctionnerait-il pas en France ?

Nicolas Sarkozy, quand il était ministre de l’Intérieur, avait lui-même dit que c’était trop brutal pour pouvoir être appliqué en France. Depuis, il s’est rendu compte que ce scrutin avantageait l’UMP, qui fait les meilleurs scores au premier tour sans pouvoir rassembler la droite au second tour comme le fait le PS à gauche. Nous avons fait des s