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Libération

Le traquenard de Peillon

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publié le 21 janvier 2010 à 0h00

Vincent Peillon est un mystère. D'un côté, voici un homme de talent, un universitaire qui écrit de bons livres, un intellectuel en politique, l'un de ces quatre ou cinq néoquinquagénaires qui se sont affirmés au sein du camp socialiste et aspirent légitimement à un rôle national. De l'autre côté, voilà un manœuvrier retors, un tacticien opportuniste, un contorsionniste opaque. Ce n'est pas docteur Jekyll et Mister Hyde, c'est Lucien Herr et Guy Mollet. Celui-ci vient de l'emporter théâtralement sur celui-là avec le traquenard cynique que Vincent Peillon a tendu à France Télévisions. Invité à participer à la principale émission politique de France 2, A vous de juger, il a, après avoir accepté et confirmé à plusieurs reprises sa présence, fait savoir par un communiqué qu'il ne viendrait pas, alors même que l'émission avait déjà débuté. Pour dire les choses comme elles sont, il a délibérément et méticuleusement piégé France 2. Vincent Peillon avait décidé de faire un esclandre, de provoquer un coup de théâtre, de déclencher une polémique. Son argumentation consiste à dire que le débat étant biaisé et scandaleux, l'important était d'en faire prendre conscience aux Français. Que Vincent Peillon considère que la controverse sur l'identité française et sur l'immigration est dangereuse, c'est son droit le plus strict et nombre d'hommes politiques (bien au-delà de la gauche), de spécialistes et de commentateurs partagent ce point de vue. Qu'il ait été hérissé par la présence