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TRIBUNE

La droite peut encore sauver la gauche !

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Luc Ferry (REUTERS)
par Luc Ferry, Philosophe
publié le 22 janvier 2010 à 0h00

Mon ami Jacques Julliard analyse fort bien les effets de la compétition mondiale sur le durcissement du capitalisme. Comme remède, il écarte l’idée révolutionnaire, mais il recommande un rassemblement des forces populaires ainsi qu’une nationalisation du crédit. Je suis tout prêt à le suivre sur les deux points. Après tout, la démocratie exige de tels rassemblements et la monnaie est un bien commun, davantage encore que l’électricité ou le chemin de fer. Il n’y a donc rien d’absurde à souhaiter que les banques deviennent un service public, à ce qu’elles cessent d’entretenir en leur sein un casino qui joue avec ce qui, au final, ne lui appartient pas. Je ne lui ferai qu’une seule objection, mais elle est à mes yeux de taille : à quoi pourrait bien servir une telle nationalisation si nous ne la faisions qu’en France ? A rien, rigoureusement à rien, sinon à rendre nos cocoricos un peu plus ridicules encore. En admettant, ce que je suis prêt à faire, qu’on vise une nationalisation des banques au niveau mondial, j’aimerais qu’on me dise au juste comment on y parvient ? En quoi nous touchons la seule question qui vaille, celle de la régulation mondiale, à laquelle le socialisme n’apporte plus aucune réponse spécifique, je veux dire : aucune réponse différente de celle qu’apporterait la droite gaulliste, républicaine et, par conséquent, régulatrice, dans laquelle je me reconnais depuis toujours. Le problème, avec le socialisme, c’est que depuis sa conversion au marché, il ne propos