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Libération
EDITORIAL

Myopie

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publié le 23 janvier 2010 à 0h00

Après le président du volontarisme électrique, le président «volte-face». Après l’énergie de l’hyperprésident, la peur du trou noir. Le revirement élyséen, jeudi, dans l’affaire du double salaire du patron d’EDF, Henri Proglio, vient confirmer, après celle de la nomination avortée de son fils Jean à la tête de l’Epad, que le brouillard qui s’est installé au-dessus de l’Elysée depuis quelques mois est épais. Très épais même. Au point que Nicolas Sarkozy se prend désormais les pieds dans le tapis du palais de l’Elysée. Comme si à la myopie dont souffre à mi-mandat le chef de l’Etat (quel sens donner à la seconde moitié de son quinquennat ?) s’ajoutait une presbytie handicapante pour gérer les affaires courantes.

Mais l’affaire Proglio vient surtout rappeler que Nicolas Sarkozy est victime du slogan symbolique de sa campagne présidentielle. Travailler plus pour gagner plus, avaient entendu les électeurs en 2007. A quoi ont-ils assisté ces jours-ci ? A une valse d’euros agités par milliers sous les yeux de Français à qui l’Etat demande de se serrer la ceinture en attendant que passe la crise. Dans la poche de Proglio, cet argent était indécent. Maintenant qu’il y renonce, le patron d’EDF semble dire : «450 000 euros en plus ou moins, la belle affaire!»

La séquence a en réalité un relent bling-bling, «mes amis du CAC40 et du Fouquet’s que j’aime», aux effets dévastateurs, que le chef de l’Etat va chercher à corriger lundi sur TF1 devant un panel de Français. De Français «moyens»