L’élection présidentielle est, depuis 1962, l’événement majeur de la vie politique française. Même s’ils s’en défendent, les états-majors des partis se mobilisent très longtemps à l’avance. Dans cette tâche, la gauche ne doit pas se tromper de diagnostic. Bâtir une stratégie à partir d’hypothèses considérées à tort comme des évidences conduira à l’échec. Examinons quelques-unes de ces «fausses évidences».
1) Sarkozy serait en perte de vitesse, voire en chute libre. C’est un raisonnement de ce type qui a conduit à sous-estimer les candidatures de Chirac en 1995 et en 2002, avec les conséquences que l’on connaît. Même si son image est abîmée, l’actuel Président peut être réélu, si la gauche continue à se diviser. Chacun pensant avoir sa chance, le combat consiste à imposer sa candidature dans son propre camp, à coup de surenchère interne et en reléguant idées et projet au second plan.
2) Les sondages prévisionnels indiquent dans quel sens il faut aller. Rappelons-nous ce que disaient les sondages et les commentaires dominants à trois moments de l'histoire politique récente. 1981 : «Giscard sera réélu, les socialistes ont commis l'erreur de choisir comme candidat Mitterrand, qui a une mauvaise image, au lieu de Rocard.» 1995 : «Balladur sera élu dans un fauteuil, face à un Chirac au plus mal dans l'opinion.» 2002 : «Jospin doit l'emporter, face à un Président sortant, dont l'image s'est dégradée.»
3) Le PS, dominant à gauche, peut définir seul son projet e