Menu
Libération

Réformes : l’heure de vérité

Article réservé aux abonnés
publié le 28 janvier 2010 à 0h00

C'est le nouveau petit air à la mode, le gimmick de ce début d'année : après le Nicolas Sarkozy bling-bling, voici le Nicolas Sarkozy mystificateur. On lui prête des réformes, il les revendique, les met en scène, les lance à grands sons de trompe mais ne les réalise pas, ne les conduit pas jusqu'au bout. Il les arbore comme des trophées mais il ne leur donne pas de contenu. Parfois, il les abandonne purement et simplement (la réforme des lycées), parfois il est obligé de surseoir (la taxe carbone), parfois il les embrouille (la réforme des collectivités locales), parfois elles sont en trompe-l'œil (la réforme des régimes spéciaux), parfois il les oublie (les taxis). Le petit livre nerveux, aigu, insolent et injuste de Thomas Legrand Ce n'est rien qu'un Président qui nous fait perdre du temps (Stock) constitue la quintessence de cette thèse-là, audacieuse, réductrice et paradoxale.

Il est vrai qu’arrivant au pouvoir, Nicolas Sarkozy avait proclamé ouverte l’ère de la rupture et que la suite avait été plus modeste que ne l’annonçait le prologue. Des erreurs grossières de goût (le Fouquet’s, l’exhibition de la vie privée durant plus de neuf mois), l’irruption de la crise bancaire et financière, puis économique et sociale la plus brutale depuis les années 30 avaient complètement brouillé l’idée de la réforme, pourtant effective dans plusieurs domaines significatifs (le tandem Merkel-Sarkozy sortant l’Europe de l’ornière ou l’autonomie des universités, réputée impossible