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Libération
TRIBUNE

Le populisme caché de Julliard

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par Jean Peyrelevade, Economiste, ancien banquier
publié le 1er février 2010 à 0h00

Après Luc Ferry, Marcel Gauchet et Aquilino Morelle, nous poursuivons notre débat sur l’avenir de la gauche, initié dans ces colonnes par Jacques Julliard le 18 janvier, avec ses «Vingt thèses pour repartir du pied gauche.

Cher Jacques,

Ancien banquier, je partage pour l’essentiel ta description de l’évolution du capitalisme financier et les critiques qu’elle suscite. Sur cet aspect, très important, nous sommes donc d’accord.

Première divergence, je constate que, conformément à une mauvaise habitude de toute la gauche française, tu t'abrites derrière les méfaits du capitalisme international (indéniables) pour ne pas traiter un certain nombre de faiblesses propres à la France, qui sont ainsi masquées et ont donc toutes chances de n'être jamais résolues. Tel est le cas dans ton point 5 (je cite) : «Dans les grands pays industriels, la financiarisation de l'économie s'est accompagnée d'une désindustrialisation délibérée et de la destruction d'emplois par millions.» Tu oublies délibérément de dire que cette désindustrialisation a été plus forte, beaucoup plus forte, dans notre pays que partout ailleurs. Il ne s'agit pas ici de concurrence avec la Chine, l'Inde ou autres pays émergents. Dans les dix dernières années, la part des exportations françaises de marchandises dans le total de celles de la zone euro est passée de 16,8% à 13,2%. Celle de la valeur ajoutée industrielle produite en France est tombée sur la même période de 17,1 à 14,6% de la même zone euro. Si nous avio