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Libération
Interview

«La campagne paraît marginale et intimiste»

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Pour Pascal Perrineau, directeur du Cévipof, le scrutin devrait être marqué par une forte abstention :
publié le 8 février 2010 à 0h00

Directeur du Centre d’étude de la vie politique française (Cévipof), Pascal Perrineau juge que les régionales de 2010 ne devraient pas déroger au cycle abstentionniste qui frappe les élections depuis une vingtaine d’années.

Les prochaines élections régionales vont-elles mobiliser les électeurs ?

Pour l’instant, tous les signaux tels que les enquêtes d’opinion les recensent vont plutôt dans le sens d’une faible mobilisation. Depuis 1986 jusqu’en 1998, l’abstention n’a cessé d’augmenter. En 2004, nous avons assisté à un léger mouvement de retour vers les urnes, mais 2010 risque fort de s’inscrire dans la tendance précédente.

Pourquoi cette abstention massive ?

L’intérêt des Français pour cette élection est faible. Moins d’un sur deux déclare s’y intéresser, avec des records chez les jeunes, les femmes et les couches populaires, qui manifestent traditionnellement le plus de distance par rapport à la politique. Seulement 23% des ouvriers disent qu’ils iront sans doute voter. Plus surprenant, cette prise de distance apparaît aujourd’hui dans des catégories qui jusque-là participaient plus à la vie politique. Moins de la moitié des cadres et des professions intellectuelles s’intéressent à ce scrutin.

La défiance en politique fait donc son retour en force…

Deux Français sur trois ne font confiance ni à la droite ni à la gauche pour résoudre les problèmes. L’intérêt du combat électoral devient donc peu perceptible. En outre, le spectacle des divisions à gauche et à droite est fort peu mobilisateur. De plus, la région est fort mal connue dans ses fonctions et dans son incarnation. C’est la collectivité la plus récente et son identification reste fa