Un Sage sort de sa réserve. A quelques jours de quitter son siège au Conseil constitutionnel, Pierre Joxe, 75 ans, livre quelques «cas de conscience» (1) de cinquante ans de carrière militaire, administrative puis politique.
Dans cet ouvrage,l'ex-ministre de François Mitterrand, bientôt avocat, témoigne des affrontements entre son«éthique de conviction» et celle de «responsabilité» : censurer un quotidien durant la guerre d'Algérie ; laisser enterrer des enquêtes sensibles menées à la Cour des comptes ; mentir au chef de l'Etat ; rester au Conseil constitutionnel malgré les divergences et les atteintes à ses propres «convictions».
Confessions ? Juste quelques mises au point. Sans trahir le secret des délibérations, Pierre Joxe lève un bout de voile sur la réalité du travail des Sages rue de Montpensier et livre quelques pistes pour une «modernisation».
En neuf ans de mandat, les désaccords entre Pierre Joxe et les autres Sages ont été nombreux. Le socialiste en retient trois : la loi Perben 2 de 2004 sur la «garde à vue des enfants», le contrat première embauche de 2005, et la loi de 2009 qui permet au chef de l'Etat de nommer le patron de France Télévisions. Une «régression du droit», un «revirement de jurisprudence», qui porte atteinte à la «liberté, au pluralisme et à l'indépendance» de la télévision publique.
Sur ces trois exemples, Joxe donne ses «opinions différentes». Formulés dans le secret