Ce sont «les enfants du désenchantement». Ceux qui ont 20 ans ont hérité d'une forme de désillusion à l'égard de l'action politique. Mais sont-ils désintéressés pour autant ? Inactifs ? Muets ? Dans Avoir 20 ans en politique (1), la politologue Anne Muxel, directrice au Cevipof, raconte, à rebours des idées reçues, comment cette génération réinvente sa propre expérimentation de la politique.
Les jeunes sont-ils dépolitisés ?
On a l’idée que les jeunes sont dépolitisés par rapport à un avant, supposé être le temps de l’engagement. La mesure étalon correspond à un modèle mythique de la jeunesse des années 1960. En fait, les jeunes ne sont pas dépolitisés, mais ils sont politisés autrement. Si on scrute le niveau d’intérêt des jeunes d’aujourd’hui pour la politique il est équivalent à ce qu’il était il y a trente ans et correspond à peu près à celui du reste de la population. Mais il est vrai que le lien à la politique se joue dans un nouveau triptyque : la défiance, un rapport intermittent au vote et des formes de protestation plus actives.
Sont-ils plus abstentionnistes ?
Aujourd’hui, les jeunes qui ne votent pas sont la majorité. Par exemple, seuls 30% des moins de 30 ans ont voté aux quatre tours de scrutin (présidentielle plus législatives) de 2007. Aux dernières élections européennes, 7 jeunes sur 10 n’ont pas voté… Mais 6 Français sur 10 ne se sont pas déplacés non plus.
Quels autres terrains politiques occupent les jeunes ?
Leur politisation se fait par le biais des valeurs. Depuis deux décennies, beaucoup de mobilisations, ponctuelles, se concrétisent pour la défense de cer