Dominique Wolton est directeur de l'Institut des sciences de la communication du CNRS. En 2009, il a publié Informer n'est pas communiquer (CNRS éditions). Il s'est fait remarquer ces dernières années en exprimant des points de vue souvent hostiles sur l'emprise croissante d'Internet dans les médias.
L’irruption de plus en plus prononcée d’Internet dans les campagnes électorales représente-t-il un danger pour le débat politique ?
Je voudrais d’abord souligner ce qui me paraît positif avec Internet. Il a ouvert le jeu démocratique, en amenant un nouvel espace d’expression et surtout de contre-pouvoir. Il permet au personnel politique de dire autre chose, sur un autre mode, en dépassant le filtre traditionnel des médias pour s’adresser directement aux citoyens. C’est une source supplémentaire d’information qui s’affirme le plus souvent contre les médias traditionnels et il y a quelque chose de positif là-dedans.
Quels sont les risques ?
Pour le reste, cela pose plein de problèmes, avec de vrais dangers pour la démocratie. D’abord, tous les Français ne fréquentent pas assidûment Internet qui touche avant tout les urbains, les plus jeunes, etc. Et puis, la découverte passée, on risque au bout d’un moment d’en avoir marre de ce Far West où il n’existe ni hiérarchie, ni vérification ni mise en perspective. Bref, on risque de passer très vite du contre-pouvoir à la machine à rumeurs…
Pourquoi les politiques investissent-ils à ce point I