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Interview

«La Provence, ce n’est plus qu’un produit, une étiquette»

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Pour Alèssi Dell’Umbria, auteur d’un livre sur l’histoire marseillaise, l’unité de la région n’est que marketing.
publié le 16 février 2010 à 0h00

Auteur d'une remarquée Histoire universelle de Marseille (Agone, 2006), militant de la langue occitane, Alèssi Dell'Umbria est un Marseillais qui combat «l'actuelle rénovation urbaine» de la ville. Il vient de publier la Rage et la Révolte (Agone).

La région Paca a-t-elle une identité ?

Mais de quelle région parle-t-on ? Récemment, on a eu droit à une polémique sur le nom. Moi, j’aime bien Paca. Ça fait logo, et ça dit bien la réalité des choses. La Provence, il y a longtemps que ce n’est plus qu’un produit, une étiquette. Et pour vendre un produit, il faut un logo.

A-t-elle une unité ?

Les régions obéissent à un découpage administratif qui ne correspond guère à la réalité des circulations humaines. Celles-ci s’organisent autour des villes, et que voit-on ? Les trois principales villes, Toulon, Nice et Marseille, s’ignorent, se tournent résolument le dos. La Provence est un pays disloqué, désarticulé, inféodé. S’il y a une unité, elle existe en termes de marketing : la Provence solaire et balnéaire. Dans les années 60, le territoire européen a été découpé en zones de compétences. Pour la Provence, cela consistait à devenir le bronze cul de l’Europe.

Et au niveau culturel ?

La culture d'un pays est toujours liée à sa langue. De toutes les régions de l'espace occitan, c'est celle qui a le plus perdu sa langue. Le provençal n'existe plus que dans les marges, de façon presque clandestine. La culture ? C'est, d'une part, une stratégie d'entertainment, la Provence des festivals. Et d'autre part, des villes qui ne vivent qu'en comm