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TRIBUNE

Démocratie ou dépolitisation

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par Santiago H. Amigorena, Ecrivain
publié le 22 février 2010 à 0h00

Malgré les titres des articles d'Éric Hazan et de Laurent Joffrin du 22 décembre 2009 (Tarnac, suite et fin et Pour clore la discussion), il me semble que ce débat mérite justement d'être poursuivi. En tant que débat, il pose deux problèmes d'ordre distinct : l'un de vocabulaire ; l'autre, plus complexe, sur la situation de la politique aujourd'hui.

En ce qui concerne le vocabulaire, le problème est simple : Éric Hazan pense que le terme « démocratie » ne peut désigner le système politique actuel de la France ; Laurent Joffrin - de la même façon dont d'autres ne se réfèrent à la Shoah que pour interdire, par l'idée d'un mal absolu, de penser quelles ont pu être les circonstances historiques du nazisme - pose comme limite à tout débat ce même mot qu'il érige en symbole d'un bien absolu. Le terme de démocratie, comme l'a montré Giorgio Agamben, n'est pas seulement inadéquat pour définir le régime politique de la plupart des pays occidentaux : il constitue, depuis des siècles, un abus de langage. Ce n'est pas ici le lieu d'exposer pas à pas sa réflexion. Elle démontre clairement pourquoi le mot « démocratie » est aujourd'hui utilisé sans qu'aucun lien ne puisse être établi avec ce que ce mot désignait en Grèce. L'origine de ce qu'on appelle de nos jours démocratie serait plutôt à chercher du côté de l'economia - la manière dont on gérait, non pas la cité, mais une maison - et sa transmission serait due au choix de cette forme de gestion lorsqu'il a fal