Ce soir à minuit, les militaires changent de tête. L’amiral Edouard Guillaud succède au général Jean-Louis Georgelin comme chef d’état-major des armées. Un marin remplace un fantassin : dans ce vieux pays terrien, la chose est exceptionnelle. En un demi-siècle, ce n’est que la seconde fois qu’un officier de marine accède au poste suprême des armées, après Jacques Lanxade (1991-1995).
L'amiral traverse la Seine ; nommé en Conseil des ministres, il arrive directement de l'Elysée où il était jusqu'à présent le chef d'état-major particulier du président de la République. Une nouvelle illustration de la toute-puissance des réseaux sarkozystes ? Pas vraiment, car trois de ses cinq prédécesseurs (dont les deux derniers) ont suivi le même itinéraire. Pour une raison simple : le vrai patron des militaires, c'est le chef des armées - pas le chef d'état-major. Et le chef des armées, comme le dit l'article 15 de la Constitution, c'est le président de la République. Un titre qui, sous la Ve République, n'a rien d'honorifique.
Le bureau donne sur le boulevard Saint-Germain à Paris. Meubles Empire, casque de cavalier à plumet posé sur une commode d’acajou, quelques tableaux de bataille sur les murs blancs. On y accède par un grand couloir feutré et surchauffé où les officiers chuchotent. Un éclat de voix, un rire tonitruant ? Le «cema» est là. Le cema, dans le jargon des militaires, c’est le chef d’état-major des armées. A 61 ans, le général Georgelin va quitter son poste le jour