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Libération

Sarkozy, président hors-champ

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Pur citadin, le chef de l’Etat est étranger au monde rural.
Nicolas Sarkozy à Moree, dans le Centre, le 9 février (Philippe Wojazer / Reuters)
publié le 27 février 2010 à 0h00

Quand elle n'est pas électorale, la campagne ennuie Nicolas Sarkozy. Elle aurait même tendance à l'angoisser. Il ne lui trouve guère de charmes en dehors de certains paysages qu'il regarde sans s'attarder en lâchant : «C'est beau, hein ?» Contrairement à ses prédécesseurs, le chef de l'Etat n'a aucun lien familial avec un terroir, ni enracinement électoral dans une lointaine province. Il est un pur citadin qui n'a vécu qu'à Neuilly-sur-Seine et Paris.

Le Président connaît mal le monde agricole, mais aime tresser des louanges aux paysans et à leur supposé goût pour le «travail dur et bien fait». Ou, dans un registre pétainiste, exalter «le lien charnel» de la France avec la «terre qui fait partie de notre identité nationale». S'il ne rechigne pas à visiter les fermes, Sarkozy déteste le barnum démonstratif qui accompagne traditionnellement tout déplacement d'un responsable politique au Salon de l'agriculture. Il s'y est pourtant essayé à plusieurs reprises, sans convaincre. Et s'est brûlé les ailes en 2008 avec son fameux «casse toi, pauv' con», lancé à un visiteur qui refusait de lui serrer la main.

Sa décision de ne pas inaugurer le salon samedi, mais de le clôturer en fin de semaine prochaine, a été mal vécue par le monde paysan. Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, premier syndicat agricole, classé à droite, a estimé que cette décision était mal venue alors que le secteur est en crise : «Le président Sarkozy a beauco