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portrait

Clown, pas clone

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Karima Delli. Députée européenne depuis neuf mois, cette chouchoute de Cohn-Bendit importe à Strasbourg son naturel iconoclaste.
Karima Delli à droite, à La Bellevilloise (Paris), le 8 juin 2009. A sa gauche, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot et l'eurodéputé (Europe Ecologie), Jean-Paul Besset. (AFP/STEPHANE DE SAKUTIN)
publié le 4 mars 2010 à 0h00

La première fois qu'on lui parle, c'est pour lui proposer de faire son portrait en dernière page de Libé. A l'autre bout du fil, elle explose : «Super !» C'est parti tout seul et c'est assez frais. Elle raccroche en vitesse en concluant par un «bisou», peu habituel en politique (surtout quand on ne se connaît pas du tout). La deuxième fois, toujours au téléphone, elle impose le tutoiement d'un ton à la fois impératif et joyeux. On le parie : Karima Delli ne sera jamais guindée, comme certains élus assombris par leur fonction, soumis à des règles non-écrites de fausse politesse. Elle est pourtant députée au prestigieux et austère Parlement européen. Elue en juin grâce au succès de la liste d'Europe Ecologie, elle s'empare de la fonction sans se glisser dans un costume tout apprêté dont elle ferait de toute façon craquer les coutures. A Strasbourg, où on la retrouve en pleine session, elle déambule en jean, tee-shirt et veste noire, ses longs cheveux bruns détachés. «Jamais en tailleur», assume-t-elle. Son costume, c'est elle qui le taille.

Elle est plus jeune, plus verte, plus enfant d'immigrés, plus femme, que la moyenne des représentants européens. Ses amis activistes autoproclamés «clowns» se délectent. Karima revendique de faire «du barouf dans l'institution». Entrée par effraction dans un sage hémicycle (elle fut la première surprise de son élection en Ile-de-France), elle prétend «dépoussiérer» la maison euro