«On passe pour les ploucs de la campagne incapables d'avoir la moindre réflexion, auxquels il suffit de balancer un plan com depuis l'Elysée.» Le «plan com», c'est le projet de Grand Paris (version de l'architecte Antoine Grumbach) étiré le long de la Seine depuis l'Ile-de-France jusqu'au Havre, une idée qui plaît beaucoup à Nicolas Sarkozy. Les «ploucs», ce sont les Hauts-Normands. Et mon tout est une phrase mâchonnée dents serrées par Alain Le Vern, 61 ans, président (PS) du conseil régional, qui tient à rappeler qu'à Rouen, capitale de la Haute-Normandie, ça fait un bail qu'on réfléchit à la Seine comme axe de développement industrialo-urbain.
Dérouillée. Le seul que le Grand Paris francilo-normand fasse jubiler, c'est Antoine Rufenacht, maire (UMP) du Havre. Ce proche de Chirac verrait volontiers sa ville en «XXIe arrondissement maritime» de la capitale. La Normandie (haute, basse ou grande) ne fait plus trop rêver Rufenacht, surtout après la dérouillée qu'a prise la droite aux régionales de 2004 alors qu'il était tête de liste. Le fabiusien Alain Le Vern et la gauche dirigent la région depuis douze ans, et il est fort probable qu'ils vont en reprendre pour quatre. Alors, Le Havre comme «port de Paris», ça plaît bien à Rufenacht, et bonne chance à celui qui défendra les couleurs de la droite aux scrutins de la fin mars.
Celui-là, c'est Bruno Le Maire, 40 ans, spécialiste du saut dans le vide. Neuillée