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Interview

«Un maintien dans cinq ou six régions»

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Pour Nonna Mayer, politologue, le FN n’est pas en mesure de profiter du contexte de la crise :
publié le 8 mars 2010 à 0h00

Spécialiste de l’extrême droite, la politologue Nonna Mayer explique les raisons pour lesquelles le Front national pourrait subir un échec lors des régionales.

En 2004, le FN s’était maintenu au second tour dans dix-sept régions. Que peut-on attendre de lui dans ce scrutin ?

Il est très difficile de prévoir car il y a encore une grande incertitude sur le taux d’abstention pour cette élection. Toutefois, nous ne sommes pas dans le contexte de 2004. Cette fois-ci, je doute qu’il puisse se maintenir dans plus de cinq ou six régions : Paca, Rhône-Alpes, oui, Alsace, Champagne-Ardenne, Picardie, peut-être, et Nord-Pas-de-Calais bien sûr, où le FN reste très puissant et gagne des voix depuis 2002.

Le contexte des six derniers mois ne lui profiterait pas ?

A priori, le contexte n’a jamais été aussi porteur. La crise a provoqué un sentiment d’insécurité et de précarité. L’islam a été très présent dans l’actualité. Les affaires comme celle concernant Jean Sarkozy ont accentué une perte de confiance envers la classe politique. Les ingrédients de base sont là, mais il n’est pas en état d’en profiter.

Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons. Jean-Marie Le Pen se fait vieux, il n’a plus la même force de conviction. Sa succession au sein du parti, quoi qu’on en dise, n’est pas réglée. Surtout, le parti est complètement déstructuré. Beaucoup de cadres ont quitté une formation qui ne dispose plus des forces militantes qui faisaient auparavant sa force. Les finances du parti sont dans un état catastrophique. Et le FN ne s’est jamais vraiment remis de sa scission de 1999 avec Bruno Mégret.

Pourtant, on annonce une abstention record. Traditionnellement cela profite au FN…

Pas cette fois. L’électorat FN resté le plus fidèle en 2007 est celui des ouvriers, qui risque d