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Interview

«2 millions de Parisiens contre 10 millions d’indigènes en banlieue»

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Jean-Michel Roux, consultant en urbanisme, analyse la séparation entre Paris et le reste de l’Ile-de-France :
publié le 9 mars 2010 à 0h00

Consultant en urbanisme, Jean-Michel Roux est souvent intervenu lors d'opérations d'aménagement urbain en région parisienne. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages, dont Des villes sans politique, étalement urbain, crise sociale et projets (1).

Pour être parisien, il faut habiter en deçà du boulevard périphérique. On est banlieusard au-delà. Pourquoi conserver comme limite une autoroute tracée sur une enceinte militaire de 1860 ?

La situation est totalement absurde et unique au monde. Paris rassemble 1/6e de la population de l'Ile-de-France sur 1/50e de son territoire. Qualifier de périphérique une artère située au cœur même de l'agglomération n'a aucun sens. C'est effectivement l'histoire qui a créé cette situation. Sous Napoléon III, pour des raisons à la fois sociales et militaires, on a agrandi l'enceinte militaire, puis réaménagé ce nouveau Paris pour mieux y loger les gens aisés. A cette époque, on recensait 1,7 million d'habitants à Paris, et 300 000 à la périphérie. Ce rapport a tenu jusqu'en 1950. Il s'est ensuite inversé pour arriver à la situation que nous connaissons aujourd'hui. Mais la limite n'a pas changé. Résultat : une seule commune détient la marque Paris, le label Paris, alors que l'agglomération est constituée d'un millier de communes. La création en 1977 d'un poste de maire à Paris et les lois de décentralisation ont figé la situation. Le pouvoir est simplement passé de l'Etat aux communes et aux huit départements, y compris la ville de Paris qui cumule les deux compétences. Il n'y a pas de communauté urbaine de Paris, comme à Lyon, Lille ou Strasbourg. A part la communauté d'agglomération de la Pla