Quel est l'état d'esprit des Français à la veille de ce premier tour ? Pour comprendre ce qu'ils exprimeront dimanche à travers leur vote (ou leur abstention), Libération s'est plongé dans quatre lieux plus ou moins touchés par la crise : Dunkerque, dans le Nord, Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, Iffendic, bourgade bretonne concernée par la crise agricole, et Paris, au cœur du «boboland».
A Vaulx-en-Velin (Rhône) «Tout le monde s'en fout»
Attablé dans un resto ouvrier de Vaulx-en-Velin, Christophe est seul à dire qu'il va voter. L'un de ses copains, maçon comme lui, ne savait pas qu'il y avait une élection. Un autre croit que c'est pour «élire le département». Le troisième pensait que le scrutin avait lieu dans un mois. «Tout le monde s'en fout, conclut Christophe. La seule chose qui motive, c'est l'élection du maire et la présidentielle.» Ils ne connaissent pas le nom du président de région (le socialiste Jean-Jack Queyranne), mais s'intéressent à tout ce que dit Nicolas Sarkozy.
L'indifférence domine dans les quartiers populaires de Vaulx. Saïd, qui dirige une structure associative, prédit une «abstention record». Seul le FN, dit-il, «fera son score», sans que ses militants se donnent la peine de faire campagne. «Les gens sont dégoûtés de tout», prolonge Jamila, militante au Modem. Selon elle, les gens en question «croient que les politiques