Directeur général adjoint de TNS Sofres, Brice Teinturier publie chaque année avec le politologue Olivier Duhamel l'Etat de l'opinion, recueil d'articles et d'études qui fait référence. Il explique les raisons de la poussée du FN et du phénomène de l'abstention à ces régionales.
Qu’y a-t-il derrière cette poussée de l’abstention observée dimanche ?
Ce n’est pas une surprise pour nous : le niveau d’abstention est conforme à ce qui avait été relevé dans les études préélectorales. Toutes indiquaient qu’il serait égal ou supérieur à 50%, ce qui s’est vérifié. On peut d’abord l’expliquer par un problème de cadrage de cette élection. Quels étaient les enjeux pour les électeurs ? Il était difficile pour eux de les percevoir. La campagne n’a pas été marquée par des controverses entre les formations en présence, qui auraient permis de bien comprendre ce sur quoi on demandait à l’électeur de venir trancher. Deuxième élément d’explication : le décalage abyssal entre les préoccupations réelles de l’opinion publique que sont la crise, le chômage, le pouvoir d’achat, et le traitement politico-médiatique de cette campagne. L’accent a été mis sur le jeu plutôt que sur l’enjeu. Il y a eu l’affaire Soumaré, l’affaire Frêche, qui sont des expressions du jeu politique mais pas des enjeux de l’élection. De ce point de vue, le scrutin régional ne se prête pas aux grands débats politiques. Il porte sur des thèmes importants comme les transports, mais dont il est difficile d’identifier les différences entre partis. Or quand il n’y a pas de controverse, il ne p