«Je crois toujours, disait Gabriel Péri, à la veille de son exécution par les nazis en 1941, que le communisme est la jeunesse du monde et qu'il prépare des lendemains qui chantent.» Cette phrase rappelle celle de Saint-Just, prononcée le 3 mars 1794, alors que la France était menacée d'invasion : «Que l'Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux sur la terre ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre […] Le bonheur est une idée neuve en Europe.» L'espoir, la patrie, l'héroïsme : ces thèmes liés à une conception révolutionnaire du bonheur semblent avoir disparu de notre société dépressive en même temps que se sont effacées les références patriarcales issues de l'Etat-nation : l'armée, le parti, l'autorité. Et l'on a remplacé la politique par l'évaluation, le désir par l'hédonisme, l'inconscient par le neurone et l'idée de l'universel par le repli sur soi : ma religion, mon développement personnel, mon particularisme. Culture du malheur identitaire contre idéal du bonheur. On a tenté de mettre à la poubelle Mai 1968, pour affirmer que les humains seraient plus heureux dans un monde dominé autant par la spéculation financière que par un hygiénisme qui assimile tout comportement normal à une pathologie : boire un verre de vin relèverait de l'alcoolisme, aimer Internet serait une addiction, penser à la révolution un acte sanguinaire. Impossible d'être anxieux, exalté ou rebelle sans être aussitôt con
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Aucune révolution n’a réussi à concilier liberté et égalité
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publié le 17 mars 2010 à 0h00
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