Le premier tour des élections de dimanche dernier, a été un désastre civique et une humiliation pour le monde politique. Le taux d’abstention a dépassé les 53 %, un record absolu pour des élections régionales. Il ne s’agit en rien d’un simple mouvement d’humeur ou d’une exception erratique. Bien au contraire, la participation électorale ne cesse de régresser. Seule l’élection présidentielle mobilise régulièrement. Pour le reste, il faut des circonstances exceptionnelles (référendum de Maastricht, élections législatives de 1997) pour faire reculer l’abstention. En revanche, qu’il s’agisse des élections législatives (2007), des élections municipales (2008) ou des élections européennes (2009), le verdict est le même : la France vote de moins en moins, comme d’ailleurs en règle générale toutes les vieilles démocraties occidentales.
Le droit de vote et le suffrage universel ont été les conquêtes démocratiques majeures, souvent acquises au prix du sang. Dans les pays despotiques, semi-despotiques ou totalitaires, elles demeurent des objectifs héroïques pour lesquelles des citoyens prennent le risque de la mort, de l’emprisonnement, de persécutions (Irak, Iran, Chine, Russie etc.). Ici, elles deviennent en revanche un moyen d’expression délaissé, ignoré, notamment par la fraction la plus déshéritée de la population. Le vote ne fait plus recette, le suffrage universel redevient un suffrage censitaire, utilisé par les électeurs les mieux intégrés, abandonné par les autres comme un