Un petit noir pour monsieur. Derrière le comptoir, Ibrahim, 19 ans, lance un autre café. Dans ce bar de Clichy-sous-Bois, des clients jouent aux cartes, d'autres discutent. De tout, sauf des régionales. Comme plus de 71% des habitants - un des taux records en France - Ibrahim n'est pas allé voter le week-end dernier. Demain, le jeune homme ne changera pas ses habitudes. «Je travaille. Je n'ai pas le temps. Comme il dit Sarko, faut travailler beaucoup pour gagner beaucoup.» Il rajoute : «En fait, moi, ça ne m'intéresse pas. Je n'y connais rien. Je ne sais même pas le nom des personnages.» Juste à côté, un petit groupe de quinquagénaires papote. Fernand, «chômeur professionnel», assure qu'il n'a «pas la tête à ça. J'ai de très gros problèmes». Malgré les conseils de Josiane et sa retape pour Jean-Paul Huchon, qui «a fait beaucoup de choses», rien n'y fait. Les arguments de cette employée municipale, adhérente au PCF, restent sans effet. «Et puis, Huchon, on ne le connaît pas», coupe Claude, le gardien de l'école du coin, qui ira tout de même voter, plus par tradition que par conviction. «Oh ! Oh!» râle Josiane.
«Fauteuil». Les autres clients du café Aram ne sont pas plus emballés. Imad, le boucher du petit centre commercial, ne se fait plus d'illusions. «On a eu des promesses, de tout le monde. Mais rien ne change», déplore-t-il. «C'est toujours la même musique, renchérit Houcine. Dès q