Voilà un vote qui engage. Confirmant sa poussée du premier tour, la gauche vient de remporter une victoire sans appel dans ce scrutin régional. Dans la quasi-totalité du pays, le sarkozysme est désavoué. Les «éléments de langage» distribués par l’Elysée, qui ne sont pas, pour une fois, des éléments d’enfumage, reconnaissent honnêtement la réalité. L’Alsace ne cache pas la forêt ; d’un tour à l’autre, l’opposition a maintenu une avance spectaculaire sur l’UMP. Le parti du Président est distancé par la gauche ; il est entamé par le Front national, qui amplifie son succès.
Cette double défaite change le cours de la politique nationale. Personne ne peut en déduire le résultat de la prochaine présidentielle, mais tout le monde voit désormais que la réélection de Nicolas Sarkozy est incertaine. La majorité affectera la sérénité combative. En fait, l’inquiétude se cristallise. Le style Sarkozy, la politique Sarkozy, la stratégie Sarkozy, tout cela est maintenant mis en cause au sein même de la droite française. Une trop grande proximité avec les forces d’argent, un maniement douteux de l’identité nationale, une concentration inédite du pouvoir : les trois piliers de l’action conduite depuis 2007 sont ébranlés. La progression du Front national, trait majeur de ce scrutin, défi lancé à tous les démocrates, incitera une partie de la droite classique à durcir sa posture. Ce sera pour constater que ce raidissement fait fuir la partie humaniste et républicaine de la majorité. Une hypothès