«Mes chers compatriotes», dit-il en ouverture… Mais à qui s'adresse Sarkozy ? Toi, l'interlocuteur du 24 mars, sache-le, tu n'es ni hésitant ni retardataire, tu n'as pas «l'esprit partisan» - comprendre : tu n'es pas encarté à gauche. Tu n'es pas un brûlant défenseur de l'UE puisque nous allons «à la crise» avec nos partenaires européens, dit-il avec une mâle assurance. Tu n'es pas un professeur puisque ce sont tous des laxistes, rebus d'un vil mai 1968 qui attendrait quarante ans pour s'éteindre. Tu n'es pas non plus - quelle horreur - un sécheur de cours patenté ou le malheureux parent d'un sécheur de cours patenté. Même si tu sens venir un doux vent de printemps, jamais tu ne céderas, ô interlocuteur, aux sirènes de l'absentéisme. Tu n'es pas un éducateur, à moins d'accepter sans sursaut de devenir supermaton dans un centre de redressement. Tu n'es pas un policier fatigué par la culture du chiffre, puisque le thème sécuritaire, dans un cliquetis de menottes, continue d'être ton dada. Tu n'es pas non plus hooligan, tu ne portes pas de maillot aux couleurs d'un club préféré. Et puisque nous sommes arrivés au rayon du vestimentaire, il est clairement articulé, interlocuteur anonyme, que la burqa t'est interdite. Tu n'es pas écolo-croyant : tu attendras la taxe carbone le temps que Bruxelles se décide. Mais n'imagine pas, malheureux, que tu puisses être pour autant un pollueur sans vergogne qui ignore le tri sélectif. Pour que le Président te parle,
EDITORIAL
C’est à moi que tu parles ?
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par Alice Zeniter
publié le 25 mars 2010 à 0h00
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