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Libération
Editorial

Rire et tensions

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publié le 27 mars 2010 à 0h00

Il sera tout pardonné aux gens drôles. Ce sont les dictatures qui n’aiment pas les comiques : ils sont les Arlequins de la liberté. Ainsi le sort de Stéphane Guillon, chroniqueur satirique et vitriolesque de France Inter, est-il devenu un symbole. C’est à la fois l’honneur et le devoir des dirigeants de Radio France de l’avoir maintenu à l’antenne à une heure de forte écoute. Prions pour que cela continue… En toutes circonstances ? Oui : tant qu’il est drôle, Guillon est inattaquable. Sa pique sur le physique d’Eric Besson n’avait pas le défaut d’être choquante ; c’est la loi du genre. Elle avait le tort de n’être pas drôle et se changeait ainsi en charge lourdingue et gratuite. La chose mérite effort de correction, d’écriture. Non de censure ou d’éviction. A peine différent est le cas d’Eric Zemmour, quoiqu’il ne soit pas un comique, sinon involontaire. Lui s’ébat dans le registre de la provocation poujado-droitière et machiste. Sa réflexion sur les contrôles d’identité, sous couvert d’énoncer une vérité dérangeante (c’est un fait qu’il y a plus de délinquance parmi les populations les plus pauvres, qui sont souvent d’origine étrangère), revient à justifier le contrôle au faciès. Elle commence par constater un fait et finit par approuver la discrimination. Racisme indirect… Faut-il pour autant l’interdire ? Ce serait faire deux poids deux mesures. Le dérapage de gauche serait licite, le dérapage de droite prohibé ? Drôle de pluralisme. Le propre de la liberté d’expression,