L’opinion croit en la gauche : c’est l’enseignement principal du sondage Viavoice que nous publions aujourd’hui. Mais la gauche croit-elle en elle-même ? Plus précisément, croit-elle en ses valeurs, en son projet ? Rien n’est moins sûr. Car ses valeurs sont bousculées et son projet dans les limbes. Tout à son rétablissement électoral, elle a laissé de côté la réflexion collective. Or le défi est immense. Les politiques conservatrices ont démontré leur nocivité. Inspirées par le culte de l’argent, elles se sont brisées sur… le mur d’argent de la crise financière. Promettant l’ordre, elles laissent la société plus désordonnée que jamais. Le seul projet possible pour la gauche est donc un projet de rupture. Une simple mouture des politiques passées serait désastreuse : il faut inventer. Mais cet impératif d’invention devra se développer, crise oblige, sous une contrainte budgétaire implacable. Il faut une politique audacieuse ; il faut une politique rigoureuse. Comment surmonter la contradiction ? De la même manière, la montée verte, bénéfique à tant d’égards, pose aussi une question pour ainsi dire philosophique. Sans idée du progrès, point de gauche ; mais le progrès - scientifique, technique, économique - est contesté dans ses fondements. Cette divergence essentielle entre les gauches rose et rouge d’un côté, verte de l’autre, devra être surmontée, sous peine d’incohérence grave. Il ne reste qu’un an à peine pour y parvenir, c’est-à-dire pour proposer à la France la rupture
EDITORIAL
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par Laurent Joffrin
publié le 29 mars 2010 à 0h00
(mis à jour le 29 mars 2010 à 6h57)
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