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Libération

Les deux fautes d’Angela Merkel

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publié le 1er avril 2010 à 0h00

Angela Merkel a gagné : la chancelière allemande est parvenue à imposer sa solution face à la crise grecque. L’aide à Athènes n’interviendra qu’en tout dernier recours. Elle sera assortie de conditions littéralement léonines. Le Fonds monétaire international y participera pour un tiers. Les Etats membres de la zone euro financeront les deux autres tiers par un système de prêts nationaux coordonnés à des taux d’intérêt élevés. La France, la plupart des Etats de la zone euro, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, étaient hostiles à la participation du FMI. Ils ont dû s’incliner. La Grèce espérait des taux d’intérêts inférieurs à ceux du marché (comme c’est le cas avec le FMI), elle a dû y renoncer. Tout le monde passe ainsi sous les fourches caudines de Berlin. C’est un succès pour Merkel à l’égard de l’opinion allemande. C’est aussi une double erreur de la chancelière : une lourde faute à l’égard de l’Europe, une victoire empoisonnée pour l’Allemagne.

Angela Merkel n’a en réalité pas cessé de décevoir depuis l’irruption de la crise bancaire et financière de 2008. Elle y a d’abord réagi lentement et égoïstement, refusant au départ toute action collective, tergiversant, s’entêtant avant de comprendre enfin que la situation (celle des banques allemandes en particulier) imposait absolument une réaction de l’ensemble des Européens. Dès ce moment-là, le mythe Merkel s’est fissuré. Il s’est en partie recomposé