C'est son grand-œuvre. Celui qui doit lui ouvrir les pages des manuels d'histoire. Mais c'est aussi sa revanche. Contre Giscard, Balladur, les «mitterrandolâtres et tous ceux qui l'ont toujours méprisé ou pris pour un con», confiait un ami du chef de l'Etat, lors de son récent voyage en Algérie. La rue des pays arabes l'adule. Son nom est parfois scandé dans les manifs antiguerre. Il a déjà gagné la bataille de l'opinion publique internationale. Les Français sont derrière lui à plus de 80 %. Ses affaires de «frais de bouche» sont effacées. Et les chiraquiens n'ont qu'un mot à la bouche : «La France est de retour.»
Son duel face à Jean-Marie Le Pen en avril lui avait permis de jouer les rassembleurs et de se poser en défenseur «de la République et des valeurs universelles de la France». Mais, derrière ces mots, il cherchait surtout à donner quelques raisons d'aller voter pour lui. Avec la crise irakienne, le chef de l'Etat tient pour de bon ces «circonstances exceptionnelles», si chères aux gaullistes, pour se bâtir la stature dont il rêvait. Et, cette fois, la gauche, à l'instar de Jack Lang qui lui met «vingt sur vingt», applaudit des deux mains.
Depuis septembre, il s'adresse à la planète pour opposer sa vision d'un monde multipolaire à celle de l'unilatéralisme américain. Il parle «morale», «respect du droit international»,«dialogue entre les cultures». De sommet en sommet, il répète vouloir «éviter le choc